Hello!
C’est l’heure du live review! ça fait un bon moment qu’on ne vous avait pas proposé ce type d’article en « binôme » avec Joel! Comme je l’évoquais dans ma dernière playlist par ici Il y a 15 jours, nous avons hésité à planter notre tente Quechua devant l’entrée de l’Epicerie Moderne et à visiter Feyzin en journée (comment ça, je ne suis pas crédible?!!) puisqu’on a enchainé General Elektriks le 15/03 puis Jeanne Added le lendemain. Joel ne connaissait pas General Elektriks et j’ai découvert Jeanne Added, échange de bons procédés. Et autant vous dire que ni l’un ni l’autre n’avons été déçus! Vous pouvez retrouver ici le live review sur ce premier live de notre semaine écrit par Joel et, une nouvelle fois, je le crie haut et fort, ils sont géniaux sur scène! Ultra pêchus, généreux, festifs, surprenants, bref à ne pas louper! En ce qui concerne Jeanne Added, je me doutais après de nombreuses écoutes de l’album et quelques vidéos live sur YouTube que nous allions passer un grand moment. J’étais loin de mesurer l’ampleur du truc!!!
Avant d’attaquer le récit de la prestation de Jeanne, je laisse la parole à Joel concernant la première partie:
En première partie de cette soirée magique c’est un groupe lyonnais qu’on a eu l’occasion de découvrir, en l’occurrence le trio Tisiphone. On aime ou on n’aime pas, impossible de rester de marbre face à ce qu’ils nous ont proposé ce soir-là et je dois dire que pour ma part j’ai plutôt bien aimé. C’est un style vraiment très particulier que j’aurais bien du mal à définir. A la rencontre de l’électro et du tribal, du gothique très dark avec un peu (voir beaucoup) de psychédélique et surtout une bonne grosse dose de basses dont tout le monde s’en souvient j’en suis sûr. On a bien failli ne pas pouvoir aller plus loin que le premier morceau, la guitare ayant tout simplement décidé de rendre l’âme laissant le groupe en état de consternation. En désespoir et voulant éviter d’annuler leur concert ils ont lancé des appels à qui serait venu avec une gratte. Heureusement que l’Epicerie Moderne a réussi à sauver la mise en dénichant une strat qui a pu remplir la mission. Ce petit couac n’a finalement pas entaché leur prestation et même si j’en parle ce n’est pas ce que je retiendrais de leur set. Le nom du groupe est une référence à la mythologie grecque qui finalement pose bien l’ambiance qu’on retrouve dans leur musique, mystérieuse, infernale, sans compromis et persévérante. Clara, Suzanne et Léonard ont su je pense, déclencher des émotions dans le public, bonnes ou mauvaises car il faut bien avouer que leur musique peut mettre mal à l’aise. Pour ma part je garde Tisiphone dans ma liste des groupes à suivre, une deuxième expérience live mérite d’être faite pour ce groupe atypique. Pour les écouter et les découvrir avant d’aller les voir sur scène vous pouvez aller sur leur BandCamp où se trouve leur premier LP sortie en 2016 qui porte pour titre le nom du groupe tout simplement.
C’est toujours compliqué de faire passer le ressenti que l’on a pendant un concert car il est très personnel et c’est d’ailleurs ce qui fait qu’on prend autant de plaisir à les vivre mais là je pense qu’au-delà de cette expérience unique et propre à chacun, il y a le talent, la folie, la technique et l’authenticité. Quand on s’intéresse à la biographie de Jeanne Added, on comprend vite qu’il y a une somme de travail assez phénoménale derrière sa carrière.
Je vous laisse apprécier les infos disponibles sur sa page Web: « Elle fut la révélation des Transmusicales de Rennes 2014. Concert de louanges des médias présents, tous à l’unisson. En effet, sa résidence à l’Aire Libre aura frappé les esprits. En cinq soirs de live percutants, décochés en pleine tête, boostée par ses deux complices (Anne Paceo, batteuse en ébullition et Narumi Herisson, clavier de Tristesse Contemporaine) elle aura levé le voile sur une personnalité trop longtemps corsetée dans des univers trop polis. Lors de ces furieux corps à corps, sa voix a éclaté, poignante et déterminée. Mais avant d’en arriver là, Jeanne a suivi le parcours classique. Conservatoire, violoncelle, bande son des parents (Higelin, Klaus Nomi), la sienne (Prince, Led Zeppelin, Nirvana, Jeff Buckley) et puis bientôt le jazz «comme une récré».
En 2005, bardée de prix (CNSM, Royal Academy de Londres), elle passe «pro», se fait la main, ou plutôt la voix, avant de trouver la sienne. Elle fréquente aussi bien les premiers de la classe que les buissonniers du fond. Le violoncelliste Vincent Courtois et le pianiste Pierre de Bethmann, les grands anciens comme John Greaves ou le petit nouveau Julien Desprez. «J’ai dit oui à tout et à tous. Chacun de ces projets m’a nourrie, et puis un jour j’en ai eu marre.»
Changement de fréquence: «chanter autrement». Entendre pas poliment, pas justement. Le premier essai en ce sens sera Linnake, power trio qui la connecte au rock. «J’ai ressenti un rejet assez violent de la jolie voix que j’utilisais jusque là, d’où le cri et la musique qui va avec.» Elle entame sa mue de vocaliste à chanteuse, la nuance a toute son importance : elle prend la parole.
Dans ce chemin, elle en repasse par le solo pour gagner confiance. Il est l’heure de ne plus chanter la musique des autres, il est temps de se consacrer pleinement à l’écriture de la sienne. Elle prend alors le soin de prendre son temps, le temps de refuser d’autres opportunités. l’écriture lui demande du vide, «less is more», mieux qu’une formule, un cap à suivre pour aller à l’essence.
Ses mélodies, elle les soumet à Dan Levy, la moitié de The Dø, avec lesquels elle tourne en première partie en cet automne 2011. De la rencontre naît l’idée du disque et le désir de le faire ensemble.
Ce sera un long processus d’allers retours, la transformation aboutie de sa prise de parole. Impossible d’enregistrer en une semaine, son écriture évolue, s’étoffe au fil des mois, s’électronise, prend du corps dans les machines, pour former peu à peu un autoportrait sincère d’une personnalité aussi forte que fragile.
Moins de quarante minutes séparent A War is Coming de Suddenly, l’ouverture et la fermeture d’un album qui frappe d’emblée. Dix chansons qui tracent les contours d’une artiste qui a trouvé sa place. «Je n’aime pas les fioritures, je voulais des gestes simples et compréhensibles. Ces chansons, elles m’ont fait du bien quand je les ai écrites, maintenant elles me font du bien quand je les chante.»
Sa voix y interroge, interpelle, s’élance, passe à l’action, entre pop électronique et post punk tellurique, ballade cinématique et fièvre rythmique. Une bouffée d’air frais à couper le souffle.
Elle y parle d’intime, de nous, s’adresse à tous. En anglais, ce qui lui permet de mettre un peu de distance. Pas mal de pudeur dans ce recueil aux tonalités sombres mais d’où jaillissent les rais de lumière.
Comme tous, elle doit composer avec le monde qui l’entoure, mais elle croit en les gens, cette variable d’ajustement qui peut encore être matière à enchantement.
Be Sensational, comme une injonction dit-elle, sa façon de refuser les renoncements, d’avoir le courage d’être soi même. »
Je n’ai pas voulu prendre de morceaux choisis dans cette biographie car elle est, dans son ensemble, tout à fait représentative de ce que j’ai pu voir sur scène ce soir là. Le show s’est ouvert sur Be Sensational et le mot « injonction » est tout à fait exact, on vit le morceau, sa musicalité, sa douceur et sa fermeté entremêlés. Sa voix est posée, maitrisée mais on sent déjà sa puissance. Ce morceau est définitivement un de mes préférés de l’album. On commence à se dandiner doucement sur Miss It All et ses accents électroniques. Il faut dire qu’on la chance d’être ultra bien placés puisque nous sommes au 2ème rang totalement dans l’axe du pied de micro. Maintenant que nous sommes échauffés l’ambiance électro s’installe avec Ready, morceau dont la structure est assez originale puisqu’il commence tout doucement jusqu’à monter crescendo puis à redescendre ensuite pour terminer assez calmement. Pour ceux qui avaient cessé d’avoir la tête qui remue et les mollets qui les supplient de sauter, le titre suivant It va y remédier rapidement parce que là on est clairement sur un titre qui t’hypnotise à la fois par sa mélodie et par ses paroles, nous obéissons au texte répété en boucle du refrain « lose what remains of your brain » pour suivre le rythme endiablé de Jeanne qui se lance dans une danse sur scène. Le titre suivant est Look at them dont je ne me suis toujours pas lassé. Sa mélodie m’envoûte complètement et je savoure l’instant. Comme évoqué dans sa bio, on ressent ce côté « habité » de Jeanne, elle se promène sur la scène, danse, saute, crie et vit littéralement ce qu’elle chante. Elle a cette aptitude à nous faire partager ce voyage, cet état et à ne pas nous laisser l’observer en simple spectacteur.
Le trip continue avec une reprise du titre Five years de David Bowie qu’elle avait interprété sur le plateau de Monte le son, émission que je vénère, puis avec War is coming suivi de l’enivrant Back to summer. Les morceaux rock et électro s’enchainent à la perfection. Sur le titre Lydia, Jeanne est littéralement en transe et nous, définitivement conquis. Mais le show est loin d’être terminé. Elle nous montre la puissance de sa voix, toujours maitrisée, sur l’excellent morceau intitulé Suddently. Après un set de percu assuré par Emiliano Turi durant lequel Jeanne a quitté la scène pendant quelques instants, elle revient seule sur scène avec la basse et pratiquement a capella. On s’aperçoit d’ailleurs que le micro est accessoire, la puissance de sa voix lui permettant très bien d’envoyer à travers cette salle de 750 personnes! Le show s’achève sur Night shame pride. Les copains et moi avons tous un smile énorme collé sur le visage, l’impression d’avoir bu 3 red bulls les palpitations en moins et en même temps on est serein. Bref encore un moment précieux qui fait autant de bien au coeur qu’aux oreilles! Voici une partie des jolis clichés pris par Joel. Vous pouvez en retrouver l’intégralité sur son site!
Bon dimanche à tous!
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